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Opinion: Quand les hopitaux deviennent des cimetières pour pauvres

Après quelques jours d’agonie, Kouamé Nguessan Raymond a succombé hier à ses blessures malgré une opération réussie. Des soins qu’il a reçus seulement 48h après avoir été admis à l’hôpital, alors qu’une barre métallique s’était logée dans son crâne. Malgré la gravité de sa situation, aucune opération n’a été faite, ni même un simple scanner pour évaluer l’ampleur des dégâts internes. Kouamé est mort dans l’indifférence du corps médical, car trop pauvre pour payer ses soins. 

« Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. » Même s’il n’a pas de valeur juridique, ce texte tiré du serment d’Hippocrate est le noyau même de la déontologie médicale.

Dans les faits, le droit de l’accès au soin pour tous semble ne pas s’appliquer aux plus précaires. Dans des hôpitaux de la capitale, il y règne une loi du plus riche. Pas d’argent, pas d’opération. Il est vrai que si tous les hôpitaux choisissaient d’opérer tous les patients sans avoir la certitude d’être rémunérés, cela causerait, sans aucun doute, un déficit dans leurs caisses. Et pourrait, par conséquent, altérer la bonne marche des services.

En effet, il serait moralement acceptable de repousser l’intervention d’un patient en cas d’incapacité de paiement, si et seulement si son cas ne nécessite pas une prise en charge urgente. Mais comment expliquer l’inaction des hôpitaux face des patients en urgence absolu ?

Pourquoi attendre de recevoir l’argent avant de soigner un patient s’il a une barre métallique qui lui traverse toute la tête ? Selon une source proche du dossier, Kouamé, « lorsqu’il était conscient était en souffrance permanente et pleurait de manière répétitives en se tordant de douleur ». Il aurait même été « transporté d’un étage à un autre sans oxygène, alors qu’il souffrait d’une insuffisance respiratoire. »

Son pronostic vital étant pourtant très clairement engagé, ne pas porter assistance à ce patient, cela se traduit pénalement par un cas de non-assistance à personne en danger.

En effet, les articles 278 et 352 du code pénal ivoirien disposent que :« est puni d’un emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 30.000 à 300.000 francs quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. Ces peines sont portées au double si le coupable avait l’obligation professionnelle ou contractuelle de porter assistance ou secours à la victime. »

Aujourd’hui, il faudrait imposer aux hôpitaux de prendre en charge les patients gravement blessés ou malades dans l’incapacité immédiate de payer des soins coûteux. La solution serait de faire payer ces soins par crédit et tous les mois le patient devrait reverser une somme jusqu’au règlement définitif de sa facture.